Cet article résume en francais la publication « A resource planning analysis of district hospital surgical services in the Democratic Republic of the Congo » de Dr Melanie Sion, Dr Dheepa Rajan, Dr Hyppolite Kalambay, Dr Jean-Pierre Lokonga, Dr Joseph Bulakali, Ir Mathias Mossoko, Dr Dieudonne Kwete, Dr Gerard Schmets, Dr Edward Kelley, Dr Tarcisse Elongo, Dr Luis Sambo et Dr Meena Cherian en 2015.
Résumé de la publication
Contexte
L'impact des conditions chirurgicales sur la santé mondiale, en particulier sur les populations vulnérables, est de plus en plus reconnu. Cependant, seuls 3,5 % des 234,2 millions de cas par an de chirurgie majeure sont réalisés dans des pays où réside le tiers le plus pauvre de la planète, comme la République démocratique du Congo (RDC).
Méthodes
Les données sur la disponibilité des services d'anesthésie et de chirurgie ont été recueillies dans 12 hôpitaux de district de la RDC à l'aide de l'outil d'analyse de la situation des soins chirurgicaux essentiels et d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Nous avons complété ces données par une analyse des coûts des services chirurgicaux dans un hôpital de district basé sur les normes congolaises ainsi que dans 2 des 12 hôpitaux dans lesquels nous avons effectué l'analyse situationnelle (hôpitaux de district de Demba et Kabare). Pour l'analyse des coûts, nous avons utilisé l'outil Integrated Healthcare Technology Package (IHTP) de l'OMS.
Résultats
Sur les 32 interventions chirurgicales étudiées, seuls 2 des 12 hôpitaux offraient tous les services essentiels. Les déficits en procédures variaient d'aucun déficit à 17 services qui ne pouvaient être fournis, avec une moyenne de 7 procédures essentielles non disponibles. De nombreux hôpitaux ne disposaient pas d'infrastructures de base telles que l'eau courante et l'électricité ; 9 sur 12 n'avaient pas d'eau ou étaient interrompus et 7 sur 12 n'avaient pas d'électricité ou étaient interrompus. En moyenne, 21% des interventions chirurgicales vitales étaient absentes des établissements, par rapport à l'hôpital modèle normatif. Selon l'hôpital normatif, tous les services chirurgicaux coûteraient 2,17 USD par habitant et par an, ce qui représente 33,3 % du nombre total de patients mais seulement 18,3 % du budget de fonctionnement total de l'hôpital de district. À l'hôpital Demba, le budget de fonctionnement requis pour les interventions chirurgicales était de 0,08 USD par habitant et par an, et à l'hôpital Kabare, de 0,69 USD par habitant et par an.
Conclusion
Une partie importante des problèmes de santé traités dans les hôpitaux de district congolais est de nature chirurgicale, mais il y a une incapacité actuelle à répondre à ce besoin chirurgical. Les services déficients et les capacités insuffisantes des hôpitaux de district étudiés sont de nature systémique et représentent des contraintes en matière d'infrastructure, d'approvisionnement, d'équipement et de ressources humaines. Pourtant, les services chirurgicaux sont abordables et représentent une part mineure du budget de fonctionnement total. Il convient de mettre davantage l'accent sur le financement adéquat des hôpitaux de district afin de répondre aux besoins en services chirurgicaux vitaux.
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